Ung moyne cordelier,1
Fin regnard, bon courtier,
Fils de père et mère Calviniste
Seditieux, trahistre machiaveliste;
Cest oeuff couvé d’ung crapaut
Est né, ce moyne bazélique,
Pour decepvoir le pauvre evangéliste.
Ung Allemand, grand biberon,2
Marchand larron, banqueroutier,
Est accosté de compaignon,
De monsieur le Cordelier.
Ung gentilhomme Génevois,3
Fils d’Italus, marchant courtoys,
Prudent comme un serpent,
Ambitieux et vigilant,
En guerre prompt, vaillant,
Comme Lieutenant est allé en Hollande
De par le Duc de Brabant.
Un Borguignon sallé,4
Bien masqué Espaignolisé,
De maistre d’école hault élevé,
Ung lion ravissant, venu à Président
Est envoyé en Hollande,
Pour tromper les bonnes gens,
Par ordre du Duc de Brabant.
Ung Espaignol, hardi Maran5
Et secretaire du roy d’Espainge,
Superbe, loux, arrogant,
Jésuitique, pernicieux, infâme,
Pour l’inquisition à mal a donné l’ami,
Et s’employe de conseiller,
Au duc de Brabant bon ouvrier.
Un Brabanon fin hypocrite,6
Dissimulé, lièvre, grand charlatan,
C’est l’audiencier du Duc de Brabant. –
Ces quatre joueurs de farces,
Pour piper les Hollandois,
Masques, Jesuites, Espaignolisés,
Accompagnés de deux vilains ministres –
D’ung frère Cordilier liste,
Et d’un Alleman banqueroutier adroict –
Sont envoyés de leurs maistres, on voit,
Du Pape, du roy d’Espagne, avec bonne instruction,
Du duc de Brabant, Jesuite sanguineux,
Attendroit-on de leur besoigne aulcun bien d’eux?
D’après: J. van Vloten, Nederlandsche geschiedzangen , II, 398-399.
1. Père Jean Ney.
2. Crauwel.
3. Spinola.
4. Jean Richardot.
5. Mancicidor.
6. Verreycken.