9 janvier 1577
Nous soubzsignéz, prélatz, gens d’esglise, seigneurs, gentilzhommes, magistratz des loix, villes, chastellenies et aultres, faisanz et représentans les Estatz des Pays Bas, en ceste ville de Bruxelles à présent assemblez, et aultres, estanz soubz l’obéissance du très hault, très puissant et très illustre prince, le Roi Philippe, nostre souverain seigneur et prince naturel etc., savoir faisons à tous présens et advenir que, voyans nostre commune patrie estre affligée par une oppression des Espaignolz plus que barbare et tyrannicque, ayons esté meuz, poulsez et constrainctz de nous unir et joindre par ensemble, et avecq armes, conseil, gens et deniers assister l’un l’autre contre lesdicts Espaignolz et adhérens, déclairez rebelles à Sa Majesté et noz ennemys, et que ceste union et conionction a depuis esté confirmée par la pacification dernièrement faicte, le tout par auctorité et aggréation du Conseil d’Estat, par Sadicte Majesté commis au gouvernement général desdicts pays: or comme le but prétendu de ceste union requiert toute fidélité, constance et asseurance mutuelle et réciproque pour jamais, et que ne voulons aulcunement par quelque mal entendu y avoir matière de soupon et moins de sinistre volunté en aulcuns de nous, mais au contraire les affaires d’icelle union estre procurez, diligentez et exécutez en toute sincérité, fidélité et diligence, de sorte que personne des subiectz et habitans desdictz pays n’ayt occasion raisonnable de se mescontenter ou doubter de nous, pour ces raisons et mesmes affin que riens ne soit faict infidèlement au préiudice de nostre commune patrie et juste défense ou obmis par néglicence ou connivence, ce que pour icelle juste défense est ou sera requis, avons en vertu de nostre pouvoir et commission respectivement et aultrement pour nous et noz successeurz, promis et promectons en foy de Christiens, gens de bien et vrais compatriotes, de tenir et entretenir inviolablement et à jamais ladicte union et association, sans que aulcun de nous s’en puisse desioindre ou départir par dissimulation, secrète intelligence ny aultre manière quelconcque, et ce pour la conservation de nostre saincte foi et religion Catholicque Apostolicque Romaine, accomplissement de la pacification, joinctement pour l’expulsion des Espaignolz et leurz adhérens et la deue obéissance à Sa Majesté, pour le bien et repos de notre patrie, ensemble pour le maintiennement de tous et chacuns noz privilèges, droictz, francises, statutz, coustumes et usances anchiennes, à quoy esposerons tous les moyens que nous seront possibles, tant par deniers, gens, conseil et biens, voires la vie, s’il fust nécessaire, et que nul de nous ne pourra en particulier donner aulcun conseil, advis ou consentement, ny tenir communication secrète ou particulière avecq ceulx qui ne sont de ceste union, ne au contraire leur relever aulcunement ce qu’est ou sera en nostre assamblée traictié, advisé ou résolu, ains se devra en tout conformer à ce que portera nostre généralle et commune résolution. Et en cas que quelque province, estat, pays, ville, chasteau ou maison fust assiégée, assaillie, invahie, foullée ou oppressée en sorte que fust, mesmes si aulcun de nous ou aultre, s’estant esvertué pour la patrie et commune défense d’icelle contre lesdicts Espaignolz ou autres affaires en dépendans, tant en général que en particulier, fust recerché, emprisonné, ranchonné, interessé, molesté ou inquieté en sa personne, biens, honneur, estatz ou aultrement, promectons y donner assistance par tous les moyens susdictz, et mesmes procurer la délivrance des emprisonnez, soit par force ou aultrement, à paine d’estre dégradez de noblesse, de nom, d’armes et honneur, tenus pour parjures, desléaux, et ennemis de notre-dicte patrie devant Dieu et tous les hommes, et encourrir note d’infamie et lascheté à jamais. Et pour valider ceste nostre saincte union et association, avonz ceste présente signée de noz mains et seingz manuelz, ce neufiesme jour de Janvier l’an quinze cens soixante dixsept.