Declaration et protestation de Monseigneur le Prince d’Orenge, et autres Princes et Seigneurs, sur ce qu’ilz ont pris les armes, pour s’opposer à la tyrannie et oppression du Duc d’Albe et des Espagnolz és païs bas.
Nous Guillaume, Par la grace de DIEV Prince d’Orenge, et Louis Conte de Nassau, Princes, Seigneurs, Chevaliers, Gentishommes, et autres de toutes qualitez des païs bas, desirans la delivrance desditz païs, miserablement tyrannisez et oppressez par le Duc d’Albe et les Espagnols, et autres ses adherans proditeurs, et assassins de la liberté de leur patrie: declarons, Que comme un chacun de nous pour son regard, et le rang et lieu qu’il tient audit païs, et pour l’ardente affection qu’avons à la gloire de DIEV, et au bien et repos d’iceluy païs, avons tousiours par tous moyens à nous possibles procuré, et l’un et l’autre, tantost par requestes, et autres moyens doux et gracieux, tantost par armes, estimans rencontrer pareille resolution en ceux, qui pareillement y estoient obligez, tantost par souspirs et prières à DIEV, attendans en patience qu’il luy pleust amollir les coeurs des susdits tyrans et oppresseurs. A la fin priez, sollicitez, et appelez generalement et en particulier par les habitans desdits païs, accablez des inhumanitez et extorsions susdittes, Avons au nom de DIEV (comme nous scavons en noz consciences le pouvoir et le devoir faire) pris les armes: protestants devant DIEV, ses anges, et tous hommes de la terre presens et à venir, n’estre meuz en cecy d’aucune passion particuliere, mais pour nous opposer à ceste plus que barbare et insupportable oppression, et aux placcars, ordonnances, tailles, impos, et charges: mesmement du Centieme, Trentieme, Vintieme et Dixieme, missus par la seule et insatiable avarice du dit Duc d’Albe, et contrevenans aux lois, libertez, franchises, et privileges anciens dudit païs. Esquelles loix, libertez, franchises et privileges nostre intention est, de remettre et reintegrer (moyennant la grace de DIEV) lesdits païs soubs l’obeissance de leur Prince et naturel seigneur, comme nostre devoir le porte reciproque au sien, de nous y conserver. Asseurans un chacun que les Princes, Seigneurs, Gentishommes, Republiques, et autres de toutes qualitez, estrangers, qui nous donnent en cette nostre entreprise secours et assistance, ne sont pareillement meuz que d’une vraye pieté et compassion qu’ilz ont (comme nous) des dictes miseres et calamitez. Parquoy nous prions, supplions, et obtestons un chacun, tant en general qu’en particulier, non seulement de s’asseurer qu’on n’entend ne pretend en aucune sorte attenter contre les biens, vie, liberté, estat, et honneur de qui que ce soit, mesmes des Ecclesiastiques. Ains nous tendre franchement en amiablement les mains, comme nous les leur tendons pour leur delivrance nous secourans et aidans de tous leurs moiens, d’autant qu’ils aiment DIEV, la patrie, et le salut d’eux mesmes, de leurs maisons, femmes et enfans, à conduire et à mener d’un commun accord, une si saine et necessaire entreprise à l’heureuse issue, dont le DIEV vivant, le DIEV des armees nous donne l’ouverture, et la iustice de nostre bonne cause et intention, l’asseurance.
Paris, Bibliothèque Nationale, Réserve, Nr. 21120. Plano 18 x 26 cm. Reproduit avec la permission de la B.N.F. (Dr. Antoine Coron).
Het pamflet vormt duidelijk de ondersteuning van een van de militaire veldtochten van Willem van Oranje. Vanwege de zinspeling op de belastingmaatregelen van Alva, uit oktober 1569, moet het stuk de veldtocht van 1572 begeleid hebben.